Soyons curieux

Ce n’est pas parce que nous nous intéressons à quelque chose que nous allons forcément y adhérer. La curiosité n’est pas une aliénation. Combien de fois ai-je entendu : « Non, ça ne m’intéresse pas, ce n’est pas ma discipline. Moi, je fais du concours hippique, je ne suis pas jockey. » Ou bien : « Je ne connais rien au dressage, moi je suis cavalier d’obstacle. »La curiosité est une science. Savoir regarder, détailler mais surtout ressentir. Osons nous laisser aller dans l’expérience sans résistance. Sans à priori. Ce n’est pas parce qu’on raccourcit ses étriers de dix trous et que l’on prend la position jockey que l’on ne saura plus monter sur une selle de dressage. Ce n’est pas parce que l’on va monter sur une selle de cow-boy et tenir ses rênes dans une seule main qu’on ne saura plus remonter son cheval de concours et sauter des obstacles. Si l’opportunité se présente, saisissons-la et vivons pleinement la chose. Ces expériences nous ouvriront des portes, nous feront connaître et découvrir de nouvelles sensations.

Prenons le temps d’analyser, essayons au lieu d’imposer, recommençons au lieu de nous fâcher, arrêtons-nous au lieu de nous énerver. Faisons un instant de silence avant de crier.Et si, finalement, nous réalisons que nous avons peur d’un certain cheval, nous n’aurons pas honte de l’avouer et nous prendrons le temps d’étudier cette peur et peut-être de l’apprivoiser. Mais si elle persiste, sachons l’accepter. Ce n’est pas parce que l’on aime que l’on n’a pas peur. Toutes les peurs ne sont pas surmontables. Certaines sont justifiées. Rien de mal à cela. Et par ces petits exercices, nous découvrirons que bien peu d’entre nous respectent l’autre, en l’occurrence notre cheval. Oui nous l’aimons, mais n’est-ce pas pour nous mêmes d’abord, alors que le véritable amour serait de l’aimer lui, pour ce qu’il est et non pas pour ce que nous voulons qu’il soit.Ne gagnons pas parce que nous le voulons à tout prix, mais seulement quand notre cheval nous donne l’impression qu’il en a l’envie…

Article paru dans Cheval Pratique en avril 2015