Ouvrons la porte à l’expérience mystique. Donnons à notre cheval la possibilité de nous l’offrir.
La connexion parfaite et c’est l’état de grâce, le parcours magique, fluide, l’exercice dont nous dirons » je ne sais même pas ce que j’ai fait mais tout s’est enchainé parfaitement, je ne me suis rendu compte de rien, c’est un miracle. «
Ces moments exceptionnels nous relient à une force infinie mais souvent on transforme ça en superstition, on parle de hasard, de technique. Pourtant il s’agit bien d’un pas vers une autre dimension, une lucarne sur le cosmos, le divin… Quelle chance d’avoir le cheval pour faire ces voyages là. Mais en avons nous pleinement conscience ?
Nous répétons que « le cheval est un maître », mais avons nous compris le sens de ces mots ? Nous rendons nous compte que le cheval a probablement accès à un monde parallèle inconnu?
Nos chevaux ne demandent qu’à nous y emmener mais nous résistons, nous nous crispons, et par nos résistances nous bloquons cette connexion. Nous n’osons pas faire confiance, nous peinons à trouver cet équilibre parfait, quand notre centre de gravité est au milieu du dos du cheval, que notre poids ne le gêne plus, que nos bras accompagnent son encolure et que rien ne vient rompre ce mouvement régulier qui glisse sur le sol et s’inscrit dans l’espace comme un ballon sur un ruban…
Nous avons tous vécu un jour cet état de grâce… En promenade, en galopant dans un champ, sur un parcours d’obstacles ou sur un hippodrome… Juste parfois quelques secondes ou nous nous sommes senti invincible, en connexion avec l’univers, tel un centaure…
Le cheval est en attente de ça. Toute cette recherche qui occupera notre vie entière, il veut la faire aboutir, il ne demande que ça. Et quand ces instants arrivent, on peut lire le bonheur dans son regard. Tout le reste n’est qu’une succession d’essais ratés et recommencés.
J’ai revu le film « Milady », avec Jacques Dufilho, d’après la nouvelle de Paul Morand. Il n’y est question que de cet instant magique, de ces quelques secondes seulement qui remplissent de bonheur, chaque jour, un vieux militaire désœuvré.
Quand il ne les aura plus, il en mourra.