Le cheval déclenche en nous deux sentiments majeurs : la passion et la peur. « j’adore les chevaux, entend on souvent, mais j’en ai très peur. » Et souvent, la peur a le dessus et nous empêche de vivre cette passion dévorante. Pourtant, en plus d’être tout à fait justifiée devant ce colosse qui peut nous écraser d’un sabot, cette peur est souvent salutaire. Elle nous évite de prendre des risques inutiles. J’avais un entraîneur qui me disait » celui qui n’a pas peur du cheval est un inconscient. » J’ai moi-même eu peur à cheval et ca ne m’a pas empêchée de monter en compétition au plus haut niveau. Je connais de grands cavaliers d’aujourd’hui qui dans leur enfance étaient terrifiés a cheval. Ne cherchons pas à étouffer nos peurs mais apprenons à les utiliser. Prenons le temps d’avoir peur. Au lieu de nous forcer, regardons cette peur et laissons la nous montrer tous les dangers. Mais comment les éviter, comment les vaincre ? L’astuce que j’ai bien souvent expérimentée est de négocier avec ses peurs, de faire de petits arrangements avec elles : Peur de monter sur un cheval trop vif ? Mettons le d’abord a la longe pour qu’il se défoule. Peur de monter en extérieur ? Restons dans le manège.
Peur de monter un cheval pour la première fois ? Regardons le d’abord évoluer avec un autre cavalier.
Et si nous avons peur de sauter haut, répétons les exercices sur de petits obstacles. Il n’y a aucune honte à respecter sa peur. Et surtout aucun besoin de l’avouer. Gardons la secrète pour ne pas lui donner d’importance. L’envie d’aller plus loin viendra toute seule. A force de regarder notre cheval en longe, nous aurons vraiment envie de monter dessus, a force de monter dans le manège, nous prendrons confiance et, de nous mêmes, nous aurons envie d’aller dehors. A regarder le cheval avec un autre cavalier nous constaterons qu’il est très sage et nous oserons monter dessus. A force de répéter les gammes sur de petits obstacles, nous deviendrons sûr de nous et nous aurons envie de sauter plus haut. Mais surtout, la peur nous rendra plus perfectionniste. Plus rien ne sera laissé au hasard.
Nous connaîtrons le caractère de nos chevaux, nous aurons tant et tant répété les gammes que tout nous semblera facile. N’est ce pas cela le propre d’un homme (ou femme) de cheval ?
Article paru dans Cheval pratique en septembre 2015