Sans verser dans l’antropomorphisme, il est évident que les chevaux, comme les hommes, ont des traits de caractère différents.Certains sont craintifs, d’autres très sûrs d’eux. Certains sont introvertis et solitaires, d’autres sont bavards et communicatifs. Il y a les timides qui rasent les murs et les cabots qui se donnent en spectacle. Certains chevaux nous font penser qu’ils aiment qu’on les regarde. D’autres perdent leurs moyens le jour de l’épreuve.J’étais au CSIO de La Baule et j’ai pu observer que pas un seul de ces chevaux stars n’était derangé par les manifestations du public. Bien au contraire, tous étaient plutôt électrisés par les applaudissements et les cris de la foule. Et puis est arrivé Quickly de Kreisker, le cheval du Roi du Maroc, monté par Abdelkebir Ouaddar. A l’approche du dernier obstacle du barrage ( le couple termine deuxième du Grand Prix ), la foule était en délire, les exclamations fusaient au rythme du galop et à chaque foulée, le cheval prenait de la hauteur, comme sur un trampoline, pour finalement s’envoler littéralement au dessus de l’oxer.
Peu importait à cet instant que la distance fût courte ou longue, qu’il se retrouvât trop près ou trop loin de l’obstacle. C’était comme si le cheval était galvanisé par la clameur du public, porté par l’énergie incroyable qui se dégageait du stade. Etait ce le cavalier qui lui transmettait cette énergie ? On aurait pu le penser quand on sait que les chevaux ressentent toutes nos émotions, notre état vibratoire, etc… Mais il y avait autre chose… Il y avait la magie. De celle que l’on éprouve devant un grand chanteur, quand le public l’accompagne, l’acclame et qu’il se transcende. Et pendant quelques secondes, j’ai eu le sentiment que même sans son cavalier, le cheval aurait sauté. Juste pour notre plaisir et le sien.Alors… Y aurait il des chevaux “bêtes de scène” ..? Quickly de Kreisker serait-il le Johnny Hallyday de la race chevaline ..?
Article paru dans Cheval Pratique en juillet 2014