Je vois trop souvent des cavaliers à l’entrainement qui enchainent le même parcours indéfiniment, infligeant à leurs chevaux des dizaines de saut inutiles qui usent leurs articulations. « Je n’ai pas le contrôle, je recommence » mais en dehors des actions de main qui deviennent de plus en plus sévères, il n’y a pas de réelle différence d’un parcours à l’autre. On change d’embouchure, mais dans la même ligne, au même moment, le cheval part en déséquilibre et accélère. Alors on décide de mettre une embouchure encore plus forte et cela ne change toujours rien.
Cette phrase d’un amateur de piano me revient en mémoire : « Je rejoue sans cesse ce Prélude de Bach et pourtant je fais toujours la même faute, au même endroit ! En plus, je me fatigue ! » Son professeur identifia son défaut : Son toucher n’était pas bon et ses doigts s’embrouillaient. Il lui ordonna de ne plus travailler le morceau et lui fit répéter une courte gamme, très lentement, en détachant ses doigts, en appuyant sur les touches, et ainsi de suite pendant plusieurs jours. Quand il joua à nouveau la partition de bout en bout, il ne commit aucune erreur. Et si au lieu de refaire le parcours nous cherchions à identifier ce qui cause notre manque de contrôle ? Un défaut d’équilibre ? Inutile de sauter, travaillons sur le plat les arrêts, les reculés et les transitions ! Un défaut de rectitude ? Inutile de sauter, forçons nous à faire des lignes droites ! Un manque de stabilité ? Inutile de sauter, galopons en musique ! Et souvenons nous de Pierre Jonquères d’Oriola (double champion olympique, champion du monde) qui n’avait pas de carrière ni d’obstacles chez lui et qui entrainait ses chevaux au milieu des vignes !