Avant d’aller voir un film, on lit les critiques, on écoute les avis. Avant de regarder un cheval on veut connaître ses origines, son père, sa mère, ses résultats, son passé. Pourquoi avons nous besoin de tout savoir à l’avance ? Par peur de laisser parler notre ressenti, notre intuition ?
Et si nous osions laisser libre cours à notre propre jugement au lieu d’avoir des idées toutes faites ?
« On dit que tel étalon produit des chevaux rétifs, on dit que les chevaux allemands n’aiment pas l’eau, on dit que les chevaux français ont mauvaise bouche, on dit que les pur sang sont caractériels etc… », et cela conditionne notre appréciation.
Je me souviens d’un vieux marchand qui, à une époque, achetait systématiquement les produits d’un étalon dont on disait qu’il faisait des chevaux violents et difficiles. Quand on s’en étonnait, il répondait :
« D’abord ils coutent moins cher et puis j’adore leur morphologie. Et surtout, je me fiche de ce que les gens pensent. »
L’avenir lui donna raison car finalement cet étalon produisit de nombreux cracks. Et il n’en fallut qu’un seul pour inverser sa réputation.
Il en va de même pour le cavalier. Ce que l’on projette sur un cheval, on le provoque. Car même si l’influence génétique d’un cheval est indéniable, l’étiquette qu’on lui collera influera forcément sur notre manière de le monter. Si on a entendu dire que le cheval que l’on essaye pour la première fois n’aimait pas les obstacles naturels avec son précédent cavalier, on mettra trop de pression à l’abord d’une rivière et on fera peur au cheval qui s’en allait pourtant confiant.
Et de nous poser la question : Est ce l’habit qui fait le moine ou est ce le moine qui fait l’habit ?