« Nous nous sommes servis d’eux pendant tant d’années , à nous de les servir ». Cette phrase de Bartabas commentant son dernier spectacle me fait réaliser que les chevaux ont servi nos appétits sportifs, nos ambitions, notre ego, et, bien sûr, nos guerres et nos agriculteurs. Cette phrase résonne en moi et j’ai envie de la faire vivre. Ce matin, face à mon cheval, je la lui dis à voix haute, et je la répète, et je la répète. Rien dans ma posture n’est différent d’un jour ordinaire et pourtant mon attitude mentale a changé. Ma conscience à changé. Je ne suis pas seulement dans la reconnaissance, j’éprouve une infinie gratitude.
Et soudain, il me semble que l’animal devant moi est surpris et me regarde avec une expression que je ne lui connaissais pas , comme s’il me disait » Ah! Enfin ! Tu as finalement compris . » Et de réaliser que ce n’est peut être pas la liberté totale dont il rêve, l’abandon dans une prairie, le retour à l’état sauvage comme on le pense bien souvent, mais qu’il attend de notre part cet état de conscience là. Bartabas nous montre des chevaux acteurs , en liberté, qui aiment qu’on les regarde et qui jouent pour nous. Et de me dire qu’au delà du choix manichéen entre soumission et état sauvage, il peut exister entre les chevaux et les hommes un monde de partage, d’échanges, de responsabilités et de loyauté, où nous découvrirons des sensations et des réponses quasi surnaturelles.