Le poète philosophe Pindare disait : « Deviens qui tu es quand tu l’auras appris. » Cette citation me fait penser à une jument qui gagnait en compétition, semblait vouée à un brillant avenir mais qui, pourtant, était toujours en colère. Au travail, au pansage, partout, elle couchait les oreilles. Quand on rentrait dans son box, elle faisait mine d’attaquer. Si un cheval s’approchait trop, elle le bottait, mais si son voisin d’écurie s’en allait, elle devenait folle de rage et se jetait contre les murs. Elle n’était jamais en paix. Même les caresses l’exaspéraient. Traitements hormonaux, changement de nourriture, rien n’y faisait. Et puis un jour, à cause d’une boiterie inguérissable, elle se retrouva dans un pré et devint poulinière. Elle ne mit jamais plus ses oreilles en arrière et accepta ses congénères avec bienveillance. Elle venait quand on l’appelait, quémandait gourmandises et câlins. Elle n’avait donc pas été heureuse comme jument de concours et l’avait exprimé. J’aurais dû être plus à l’écoute de ce qu’elle me disait mais cela aurait remis en cause mes plans de carrière. Quelle belle leçon de vie ! Sommes-nous finalement le personnage que nous prétendons être ? Sommes-nous toujours à notre juste place ? « Qui suis-je ? Où vais-je ? » Ne devrait-on pas nous demander » Quel est mon ressenti ? Ne devrait-on pas oser observer nos malaises, nos agacements, nos humeurs, et tenter de les expliquer ? Et si les chevaux nous aidaient à savoir qui nous sommes vraiment ? À méditer…