Le Printemps arrive, la saison équestre commence et nous voilà à nouveau face à nos attentes, nos espoirs, nos rêves de l’hiver…
Chaque année depuis notre adolescence nous revenons fin mars aux mêmes endroits. Chaque année, à la même époque, sur les mêmes terrains de concours, nous sommes là, à nous retrouver avec la même joie enfantine, à nous dire les mêmes mots avec les mêmes intonations, la même excitation d’avant spectacle :
«Vous avez de bons jeunes chevaux cette année ? » – « Jamais eu une écurie comme ça ! Je crois vraiment que j’ai des cracks! »
Je rencontre celui la qui marche avec des béquilles. Je le salue en m’étonnant mais il ne parlera pas de lui : « Attendez de voir mon 4 ans ! c’est le meilleur cheval que j’ai jamais eu ! Il m’a foutu par terre mais il est fantastique ! «
Et puis il y a ce fameux propriétaire qui aime bien plus voir ses jeunes chevaux à huit heures du matin dans le froid et la brume que s’asseoir dans la tribune d’un concours international.
Enfin le rideau s’ouvre, le premier cheval rentre en piste et les parcours s’enchaînent avec leur lot de bonheurs et de désillusions. Certains se voient dejà aux jeux olympiques, d’autres s’effondrent après leur mauvais parcours. On excuse les fautes du poulain en se cachant derrière des explications techniques : « L’hiver a été si rude… trop long… il est pas prêt » au lieu de reconnaître que c’est tout simplement un mauvais sauteur. Rien n’est vraiment réel et encore moins lucide.
Mais où serait la magie si on était lucide ?
Chaque année nous y croyons plus encore et chaque année nous imaginons avoir le meilleur cheval de notre vie et cet éternel recommencement nous fait oublier le temps qui passe et nous garde sans âge dans ce monde ou les chevaux règnent en maîtres.